Un coin sur terre…

Cela faisait longtemps que nous n’avions pas fait du bus et de route… Objectif de la journée : atteindre Cabo de la Vela, porte d’entrée de la péninsule de la Guajira afin de rallier Punta Gallinas, point le plus au nord de la Colombie et de l’Amérique du Sud… Après Ushuaia, nous nous devions de nous rendre dans ce petit coin de terre… Aux quatre coins de l’Amérique latine ! Mais la péninsule de la Guajira est un imageendroit qui se mérite : ce serait bien trop facile si les transports étaient simples et les routes goudronnés !

Après un ultime au revoir à Marine et Lola – décidément on a du mal à se quitter – nous nous postons sur la bord de la route à Palomino, prêts à arrêter Jeep, pick-up, bus… Tout véhicule motorisé nous permettant de rejoindre notre destination. Au bout de 10 minutes et après négociations, nous trouvons une jeep pouvant nous amener jusqu’à « cuatro vías », croisement de deux routes d’où nous pourrons continuer : c’est parti, nous montons à l’arrière, rejoignons une petite dizaine de locaux, cheveux aux vents et assis sur des bancs de bois. Tout confort ! Et il y en a juste pour 3h30 !!!

Comme d’habitude, nous attisons la curiosité des Colombiens : que faisons-nous ici ? Où allons-nous ? Chacun y va de son conseil et son bon plan du coin ! Malheureusement pour Math, il n’y a que des hommes et… comment dire ? Ils sont machos !!! Seul, Dany a le droit de converser !!! Non mais…

Un peu avant midi, nous arrivons à « cuatro vías ». A présent, nous imagedevons rejoindre Uribia à une petite heure de route. Facile, quelques faux taxis sont stationnés au bord de la route. Après négociations, c’est reparti… Hop, hop, hop, nous ne perdons pas de temps !!
Uribia, 13h. Nous y sommes presque : un dernier transport et nous atteindrons notre objectif ! Après un petit tour sur le marché local afin de faire le plein de quelques vivres et surtout d’eau, nous trouvons un pick-up se rendant à Cabo : nous prenons place à l’arrière, sur des bancs de bois bien sur, accompagnés d’une dizaine de voyageurs. Nous sommes repartis pour 2h de piste sablonneuse et caillouteuse où nous sommes secoués dans tous les sens à chaque nid de poule… Et la route en est truffée !! Mais les paysages sont superbes : désert à perte de vue, un ciel pur, l’océan… Les contrastes de couleurs sont saisissants !

Cabo de la Vela : nous y sommes enfin ! Petit village où la vie semble arrêtée. Nous découvrons ici une autre Colombie, un autre visage que celui que nous avons admiré jusqu’à présent : l’afro-Colombie. Nous nous sentons plus proche de l’Afrique nord que de l’Amérique latine. Résultat de l’Histoire et de la traite des Noirs; la communauté noire y est omniprésente. Étendue désertique, cactus, océan atlantique aux imageeaux limpides, bicoques en bambou… Ou allons-nous passer la nuit ? Nous trouvons deux hamacs en bord de plage et logés sous un abri de bambou : parfait, que demander de plus ??
Ici il fait un bon 35°, sec; heureusement le vent est là pour apporter un brin d’air ! Petit plongeon dans l’océan afin de se rafraîchir : juste le temps de rencontrer un Français fraîchement débarqué qui nous fait le point sur Charlie et le climat en France… Ici, nous semblons tellement loin… Et pourtant ! Et juste le temps pour Math de se faire alpaguer par une méduse : elle s’en est donné à coeur-joie sur les deux jambes et la main. Une première : aie, aie, aie !

A présent, l’heure est à l’objectif numéro 2 : trouver un moyen de rejoindre Punta Gallinas. A priori, il n’y a rien là-bas et le seul moyen de s’y rendre est de louer les services d’une guide-chauffeur. Nous avons rencontré deux hollandais et deux français : nous allons négocier pour tout ce beau ptit monde ! Après plus d’une heure de discussions, en espagnol bien sur, nous nous mettons d’accord avec Bernie, notre guide-chauffeur dégoté sur place : départ demain à 5h de matin à 9 – 3 Polonais ayant rejoint notre convoi.
Fin de journée à profiter des lieux : coucher de soleil sur l’océan à perte de vue. Magique. Nous rejoignons notre « demeure » sous un ciel étoilé d’une rare clarté : nous voyons même la voie lactée… Un imagemoment rare. Un poisson grillé, une douche au seau d’eau et au lit… pardon au hamac !! (Nous sommes devenus les pros de la nuit en hamac. Une astuce : ne pas dormir droit mais en biais, bien plus confortable !).

5h du matin : nous attendons Bernie sous un ciel étoilé toujours aussi beau. La jeep pointe son nez : nous prenons place à l’arrière sur des bancs de bois, cheveux aux vents, comme toujours !! Nous pénétrons véritablement la péninsule et ce désert. Mais cette région cache une toute autre réalité, celle de la communauté indigène Wayuu qui vit ici depuis toujours : des cabanes en bois – on se demande encore comment elles tiennent debout – dans cette étendue désertique. Des petits « villages » éparpillés ici et là. A chaque entrée de village, le même rituel : des enfants, sachant parfois à peine marcher, font office de péage. Une cordelette, des mains tendues, des regards vides mais enfantins… Ils réclament le droit de passage : 1000 COP (35cts€) ou une friandise. Un brise-coeur. Que faire pour les aider ? Comment peuvent-ils sortir de cette impasse ? …

imageLever de soleil sur une étendue de cactus : superbe ! Le sable ici devient ocre et l’océan de plus en plus limpide. Un lieu hors du temps. Au bout de 3h de piste, secoués dans tous les sens, Bernie tente de nous berner. Alors que Dany joue à l’acrobate en s’accrochant à l’arrière du pick-up, Math a pris place en première classe, dans l’habitacle, étant la seule à parler espagnol. Bernie tente alors une approche : impossible de joindre le conducteur de lancha, nous devons faire un détour de 3h de plus en voiture et sur un piste toujours aussi défoncée… Mais bien sur ! On connaît la chanson ! Math ne lâche pas : hors de question ! Comme par magie, 10 minutes plus tard, coup de fil : la lancha nous attend !!! Bernie a voulu économiser quelques pesos mais à ce jeu-la, il a perdu !

Punta Gallinas : nous confirmons, il n’y a rien ! Mais quel spectacle ! A l’extrême nord de ce continent que nous sommes venus explorer pendant cette année de voyage ! La boucle est presque bouclée !image
Une guesthouse au milieu de rien et quelques bicoques. Mais le paysage est difficile à décrire : nous vous laissons admirer, les photos parlent d’elles-mêmes !! Ici, il fait encore plus chaud mais heureusement le vent est toujours là !
Nous partons visiter les alentours en bétaillère : le phare, un mirador et une dune se jetant dans l’océan ! Juste grandiose ! Le temps d’un nouveau plongeon dans l’océan… mais de courte durée car ici les courants sont forts et il faut résister !
Après-midi tranquille à profiter des lieux, à se balader ! « Tranquilo » comme ils disent ici !
Un poisson grillé plus tard et une nouvelle nuit en hamac, et nous faisons lancha arrière le lendemain à 5h du matin, suivie de la même piste défoncée ! Une très belle parenthèse hors du temps et des sentiers battus !

Infos pratiques pour les voyageurs
– allez à Punta Gallinas, ça vaut le coup !! Comme nous avons pu le imagelire, ce n’est pas le plus beau paysage que nous ayons vu en Amérique du Sud mais sûrement l’un des plus beaux de Colombie.
– la destination se mérite ! Il faut au moins 3 jours transports compris.
– le pick-up Palomino-Cuatro vias coûte 8000/pers, Cuatro vias-Uribia 5000/pers ou 3000 si vous êtes nombreux, Uribia-Cabo 15 000/pers ou 12 000 si vous êtes déjà un groupe.
– le trajet Uribia-Cabo dure 2h et non 3h30 comme nous l’avons lu.
– à Cabo, aucun souci pour se loger. Certains disent que c’est mieux à Utta ou à Conchita; franchement c’est du pareil au même !!! Nuit en hamac a 15 000/pers et douche au seau d’eau.
– pour vous rendre à Punta, aucun souci. Demander aux locaux, ils vous trouveront un chauffeur. On vous annoncera un prix de 150 000/pers avec excursions à Punta. Après dures négociations, vous pouvez l’avoir à 100 000/pers (c’est ce que nous avons payé). Et c’est « juste » 3h30 de route et 3/4h de lancha et non 7h de voiture comme souvent annoncé !

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